Homélie du Père ADOU: 6ème DIMANCHE DE PAQUES ANNÉE B

Demeurer dans l’amour.

Il y a deux semaines, la liturgie nous rappelait que Dieu nous invitait à être enfants de Dieu,
la semaine dernière que nous devions, nous ses enfants, demeurer en Christ comme le sarment sur la vigne. Aujourd’hui, nous sommes invités à approfondir cette relation filiale qui nous unit au Christ :
nous avons à demeurer dans son amour.

Amour/ Aimer : 9 fois dans la 1 Jn 4,7-10 et 9 fois dans Jn 15,9-17, soit 18 fois !

Que signifie donc demeurer dans l’amour de Dieu pour l’homme ?

1/ Dieu ne fait pas de différence entre les hommes (Ac 10).
Premier défi de l’Église après la Pentecôte, que faut-il faire des païens
qui se convertissent ? Peuvent-ils être baptisés et recevoir l’Esprit
Saint ?

Pierre et les apôtres vont devoir continuer à se convertir et découvrir
que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Paul traduira
ce message en disant qu’en Christ, il n’y plus ni juif, ni païen, ni homme,
ni femme, ni esclave ou homme libre. Quand on aime, on ne regarde
pas la race, la religion, l’orientation sexuelle, la condition sociale,
la nationalité, on regarde le cœur de l’autre et on y voit le visage de
Dieu créateur, de Dieu amour et justice.

« Aimons-nous les uns les autres puisque l’amour vient de Dieu. Tous
ceux qui aiment sont enfants de Dieu et ils connaissent Dieu. »  Cet
appel qui se trouve au cœur de la Loi, de la Torah, est devenu le cœur
de la foi chrétienne. L’amour sert souvent à diviser : j’aime ma famille
mais pas les étrangers ! Il n’y a pas d’amour quand on rejette l’autre,
qu’on en a peur, qu’on se sent supérieur à lui, qu’on le classe dans une
catégorie à part. Notre humanité est encore bien loin de ce simple
message de l’Évangile.


2/ Porter du fruit en répondant au choix de Dieu : l’engagement.
L’amour ce n’est pas que des paroles et des discours nous disait Jean
la semaine dernière, cela se vit en actes et en vérité. Celui qui aime,
celui qui se dit chrétien a à s’engager dans un oui à l’autre, un oui
à l’amour.
Notre société individualiste a peur de l’engagement, peur
de l’engagement dans le mariage, dans le sacerdoce, dans le
diaconat, dans la vie sociale ou politique, dans le service de l’autre.

On préfère rester centré sur soi et son épanouissement personnel, on
se construit sa petite sphère privée où l’on essaie parfois de vivre un
amour auprès des siens et loin des autres. Un amour qui ne s’ouvre
pas à l’autre, un amour qui ne s’engage pas, un amour qui
catalogue et fait des différences entre les hommes est un amour
stérile et qui ne porte pas de fruit, un amour qui s’éteint de lui-
même et qui ne demeure pas en Dieu.

3/ Marie, celle qui demeure dans l’amour.
Nous avons un exemple de l’amour qui demeure en Dieu. C’est celui de
la Vierge Marie. Un amour qui dit « oui » et qui s’engage dans
l’inconnu de Dieu. Un amour qui accompagne jusqu’à la croix et
qui est là auprès de son fils mais aussi auprès des apôtres.

Marie est mère de Dieu, elle est mère de l’amour, mère de tous les
hommes sans faire de différence entre eux.
Elle n’est pas seulement
bretonne, française, portugaise, congolaise, elle est bretonne avec les
bretons, française avec les français, portugaise avec les portugais,
congolaise avec les congolais, elle est image de l’amour de Dieu pour
tous les hommes, ses enfants que le Christ lui a confié sur la croix.

«  Voici ta mère »

Si nous pensons que l’amour que Dieu nous demande pour demeurer
en lui est impossible et inhumain, nous pouvons cependant constater
qu’en Marie, une femme, comme les autres, cet amour est possible et
qu’il peut porter du fruit. Et le premier de ces fruits c’est le salut donné à
l’humanité par son fils Jésus Christ.

Alors, ne nous contentons pas de prier Marie, mais suivons son
exemple dans l’amour qu’elle a pour tous les hommes sans faire de
différence entre eux.